Morve (fr) by Andrej Koymasky

Morve (fr) by Andrej Koymasky

Auteur:Andrej Koymasky [Koymasky, Andrej]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Koymasky
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


CHAPITRE 8

EN PRISON

* * *

Quand Julien fut capturé par son ancien serviteur, il se sentit perdu. Ce qui l'épouvantait n'était pas tant le danger pour sa vie que le fait d'être séparé de Morve. Quand ce dernier parut près de lui, il fut assailli de peur et de soulagement. Soulagement de l'avoir à nouveau près de lui et peur que lui aussi soit fait prisonnier. Il comprenait pourquoi Morve avait dit "remettons-le à la Garde Nationale". C'était pour qu'il ne soit pas massacré sur place, pour le sauver. Mais quand il lui dit de fuir, il l'avait laissé partir et s'était laissé prendre pour le sauver. Et, pendant que les gardes l'emmenaient en prison, Julien sentait un calme étrange. Il ne doutait pas d'être condamné à mort et guillotiné. Il regrettait de ne plus pouvoir voir Morve, mais la mort ne lui faisait pas peur. Même une mort aussi absurde, injuste et inattendue que celle-la. Julien se tenait droit, pas par défi mais pas avec l'air abattu de qui se sent persécuté par un destin injuste. Il pensait que sa vie avait été belle, surtout grâce à sa chance d'avoir rencontré Morve et d'avoir été son amant. Cela suffisait à donner un sens aux quelques années qu'il avait vécues. Ils auraient beau l'humilier, le torturer et même le tuer, ils ne pourraient pas entamer l'amour qu'il avait pour son amant. Et cela le rendait fort et sûr de lui.

Ils le mirent dans une grande cellule, avec beaucoup d'autres. Il faisait sombre, l'air était pesant et renfermé et ses compagnons d'infortune arboraient un air de tragédie, d'effondrement ou de désespoir. Julien regarda partout, à la recherche d'un coin où s'installer. Ne trouvant aucune place assise ou contre un mur, il s'assit par terre.

Un homme s'assit à côté de lui, lui toucha un bras et dit à voix basse : "Et qui donc êtes-vous, monsieur ?"

"Marc Teissier. Et vous ?"

"Le marquis Jean-Claude de Permezel. Comment vous ont-ils pris ?"

"Un ancien domestique m'a reconnu, dans la rue."

"Ah, vous étiez dans la rue ? Vous ne vous cachiez pas ? Oh, je vois, vous aviez sans doute confiance en votre déguisement. Mais c'est évident, même les cheveux coupés et avec des haillons, on voit que vous êtes noble. C'est notre malédiction : la noblesse est une marque indélébile."

"Mais vous vous cachiez, si je comprends bien."

"Oui, et j'a eu confiance en ma gouvernante qui me cherchait à boire et à manger... celle-là même qui m'a trahi."

"Mais pourquoi vous aider d'abord puis vous trahir, je ne comprends pas."

"Pour se venger de moi, parce que je m'étais un peu amusé avec sa fille. Mais un vrai homme comme moi ne peut pas rester caché des jours durant sans au moins une petite diversion, non ?"

"Mais ça à quel prix, cette petite diversion."

"Oh oui ! L'ingratitude de la roture ! Plus ils profitent de vous, plus ils se révoltent. Nous aurions dû les traiter plus sévèrement, ils n'auraient pas osé lever la tête. Plus de coups et moins à manger, je vous le dis.



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